Il est tard, ma
belle, pour qu’on aille au parc au fond de la rue. Tu sais que ce soir je fus
très surprise de te retrouver assise sur le pavé de ma rue, je te pensais très
loin d’ici, quelque part où tu puisses renaitre sous différentes formes, loin
de mon regard qui te rappelle d’où tu viens.
Je n’ai jamais cru
que tu reviendrais frapper à ma porte, je pense que tu comprends, ma belle, que
ces derniers mois furent très sombres, mais qu’à travers les brumes je me suis retrouvée. Rien ne me
parait aléatoire, et je ne suis point, comme je pensais, victime des évènements.
Ma vie aujourd’hui m’appartient, parce qu’aujourd’hui je détiens la vérité de
mon expérience, je sais d’où je viens, et où je me suis perdue. Je pense que t’as eu un rôle très important,
en m’apprenant les mécanismes pour accéder à une réalité objective et claire.
Je ne sais point comment te remercier de tous les soirs où, près de mon lit, tu
as essayé de me calmer, de faire taire cette voix qui me disait qu’il n’avait
rien à faire, que mon destin était tracé, que mon enfance avait conditionné ma
vie à jamais. Que puis-je faire pour toi ? Je ne veux point que tu rentres
chez moi, j’ai peur de le réveiller, j’ai peur qu’il te fasse du mal à nouveau,
qu’il reprenne ma place pour te détruire.
Il est tard, ma
belle, vas-y, prends ton chemin, je te regarderais de ma fenêtre, je serai toujours
derrière toi pour cacher tes empreintes, je battrai celui qui vit en moi, pour
qu’un jour tu puisses rentrer et t’endormir.
N’ai pas peur, tout
ira bien…