Toi t’as pris les voiles vers un nouveau monde,
me laissant seule sur le quai. T’es partie à la recherche du bonheur, celui
qui s’est noyé dans le fleuve de mes sanglots. Sale bête qui n’a pas pu remplir
tes doigts d’or et de diamants. J’ai été
l’hiver pour ton être, quand au début je ne promettais que la jouissance de la
saison des oiseaux et des fleurs. Quand suis-je devenue un meuble de plus dans
ta chambre ? Quand suis-je devenue l’ombre de tes nuits, la ceinture de ta
bagnole, quand suis-je devenue celle qui ne chante plus, celle qui ne t’apporte
plus que du bruit et de la poussière?
T’es partie. Et je repense à toi, je pense à celle qui
reviendra, celle qui voudra se reposer d’une nuit d’alcool et de putes, celle qui
sera usée par ces nuits de folie et d’ivresse. Que ferai-je quand tu viendras
te poser sur le quai ? Devrai-je t’endormir dans mes bras, et réchauffer
ton cœur ? Te soigner et te laisser partir de nouveau à la découverte d’autres
horizons ?
Je sais, je sais… Mon quai est usé et ton
bateau a soif d’autres drapeaux. Mais saches que d’autres navires viendront se
poser sur mon quai, et m’emporteront, peut-être, vers l’océan, et seront
sûrement le soleil qui séchera mes pleurs, et lèvera mes voiles, et chantera le
printemps ! Cependant, entre tourbillons et tempêtes, se sera toujours ton
prénom qui raisonnera dans ma tête, comme le souvenir d’un quai où je trouverai
le repos.